- Pourquoi une nouvelle observation à Staphylococcus aureus ? - S'il s'agit toujours une espèce bactérienne d'isolement fréquent en particulier en centre de soins comme le milieu hospitalier (2 ème espèce en fréquence lors d'infections nosocomiales), le plus souvent multirésistante aux antibiotiques (HA-MRSA pour Hospitalized-Acquired)(OBS 05). Un nouvel aspect des infections à staphylocoques a été observé au cours des dernières années relatif aux infections communautaires sévères liées à des souches de S.aureus plus virulentes (CA-MRSA pour Community Acquired)(OBS 31). Pour en savoir plus (cliquer pour avoir le dossier en document.pdf)
- Cette observation met en lumière un aspect encore plus récent des infections humaines à SARM d'origine animale, principalement porcine, d'où une notion professionnelle. - Ce type de souche SARM ou MRSA est aisément détectable (antibiotype ci-dessous) par une sensibilité inhabituelle aux aminosides (kanamycine, gentamicine, tobramycine), aux fluoroquinolones, à l'acide fusidique. En revanche, la résistance aux MLS, par exemple érythromycine, lincomycine (MLSB constitutive ou inductible) est insconstante (de l'ordre de 50% des souches) contrairement à celle aux tétracyclines (100% des souches),souvent prescrites en élevage porcin. SARM: antibiotype selon le type (HA, CA, LA)
- Le biologiste peut donc différencier de telles souches et les adresser au CNR correspondant qui a les moyens moléculaires pour parvenir à un diagnostic précis:
- La recherche d'une souche de SARM est depuis peu facilitée par la culture sur le milieu supplémenté en céfoxitine : ChromID MRSA.
- Cette EVENTUELLE ZOONOSE a d'ailleurs fait l'objet d'un avis en mars 2009 de l'Autorité Européenne de Sécurité Sanitaire (EFSA) sur le danger du SARM/MRSA pour l'homme suscitant de nouvelles enquêtes de prévalence aussi bien en Europe que dans d'autres pays tels les Etats-Unis, le Canada, la Chine etc........ D'autres études plus récentes ont examiné ces souches au plan moléculaire, ainsi que les types d'infections observées chez l'homme. Les premières souches ont été identifiées comme NT, c'est-à-dire Non Typables par la technique d'électrophorèse en champ pulsé (PFGE) après digestion par l'enzyme de restriction SmaI. Il est apparu que le type ST398 est devenu prédominant en Europe chez l'animal dont le porc. Le récent congrès organisé à Londres en octobre 2009 conjointement par l'American Society of Microbiology (ASM) et l'European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ESCMID) a apporté de nouvelles informations pour ces souches dénommées LA-SARM (LA pour Livestock-Associated) à cause du pouvoir pathogène chez l'homme. - PREMIERE OBSERVATION : Dans les années 2002-2003, la Mutualité Sociale Agricole en France lança une enquête sur le portage sain (nez, gorge, selles) de certaines espèces bactériennes au sein de ses membres, à savoir 113 producteurs de porcs dits industriels comparativement à une population témoin (113 employés de banque ou d'assurances)(Aubry-Damon et al, 2004).Cette enquête de prévalence démontra, en particulier que le portage de S. aureus est beaucoup plus élevé chez les éleveurs de porc que dans la population témoin. Chez les éleveurs, 10 % des souches sont de type SARM alors qu'une majorité de souches (72%) est résistante aux macrolides. En revanche dans la population témoin, aucune souche n'est de type SARM et seulement de l'ordre de 7 % des souches exprime une résistance à l'égard des macrolides. Un deuxièmier fait, épidémiologiquement essentiel, porte sur la comparaison des souches d'origine humaine et celles d'origine animale par une technique d'analyse comparative de sept gènes ménages (MultiLocus Sequence Typing ou MLST)(Armand-Lefevre et al., 2005). Chez les 44 souches de S. aureus isolées des narines d'éleveurs porcins, 19 types de séquence ou ST ont été individualisés dont certains déjà connus chez l'homme tels ST5, ST15, ST34. En revanche ST398, retrouvé chez 6 éleveurs n'avait été à cette époque, rencontré qu'une fois, aux Pays-Bas. Enfin les quatre souches ST 398 d'origine porcine sont indistinguables des 6 souches d'origine humaine.
Emerging Infectious Diseases, 2004, 10: 873-
Emerging Infectious Diseases, 2005, 11:711
- QUELQUES CARACTERISTIQUES DES SOUCHES ST398 : Les premières souches de SARM ont été isolées aux Pays-Bas chez le porc dès février 2003. Ces souches ont été originellement dénommées NT. Aux Pays-Bas, la prévalence de NT-SARM, identifiée comme appartenant au nouveau complexe clonal ST398 est passée de 0% en 2002 à plus de 21 % en juillet 2006. Le portage humain d'un tel clone a été statistiquement corrélé entre le réservoir animal (porc, bovin) et la profession d'éleveurs et il était responsable de plus de 20% des infections rapportées chez l'homme aux Pays. En France, une enquête récente conduite entre janvier et septembre 2007 donne une prévalence plus faible de portage de SARM, de l'ordre de 13 % pour un total de 264 souches examinée chez le porc (Jouy E. communication personnelle). Le typage par MLST démontra à nouveau la prédominance de ST398 (81 %) par rapport à ST5, ST8 et ST1348 (de l'ordre de 6%). . Si le portage nasal chez le porc du ST398 est clairement démontré dans plusieurs pays européens ou encore au Canada, aux Etats-Unis et en Chine, des enquêtes ont été conduites chez d'autres réservoirs animaux comme les bovins, ovins, équins ou carnivores qui apparaissent d'une importance limitée. - POUVOIR PATHOGENE DE ST398 CHEZ L'HOMME: Le portage nasal a été rapporté avec des fréquences très variables, surtout à titre professionnel c'est-à-dire chez les éleveurs de porc, les vétérinaires, voire les employés d'abattoir. Un élément important concerne, semble-t-il, la faible transmission ultérieure aux autres membres de la famille, peu en contact avec le porc. Ainsi lors d'une enquête effectuée dans plusieurs régions d'Allemagne entre septembre 2007 et janvier 2009, une importante fréquence de portage de SARM de 86% a été rapportée chez le personnel exposé alors que celle-ci n'était plus que de 4,3% pour les membres des familles (Cuny et al, 2009). Cette même étude rapporte une fréquence de portage nasal élevée de SARM chez les vétérinaires de 45%, alors que celle-ci n'était que de 9% parmi les membres de leurs familles. Dans un autre pays, la Belgique, la fréquence de portage de SARM chez le professionnel exposé est apparue importante, en 2007, de l'ordre de 38%, mais avec peu d'infections cutanées (0,8%)(Denis et al., 2009).
Quelques autres informations utiles: - Séance thématique du 20 mai 2010 (Académie vétérinaire de France) - Voir la vidéoconférence sur le site Bacterionet: : "Peut-on parler d'une nouvelle zoonose ?"
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